Coin des gourmands

La noix et son huile

Le noyer a longtemps fait partie du paysage loudunais. On pouvait le voir trôner en plein champ ou non loin d’une vigne (celle-ci accueillant souvent dans ses rangs, le fameux pêcher).
Non content de faire partie de l’environnement naturel, le noyer avait de multiples applications dans la vie quotidienne.

L’huile de noix

Tout d’abord avec l’huile que l’on extrayait de ses fruits. Cette huile de noix vierge est d’ailleurs la seule huile considérée par la législation comme naturelle. Ses vertus étaient et sont encore aujourd’hui mises en valeur pour l’importance de son contenu en vitamine E.
Elle agrémentait agréablement les salades (mais aujourd’hui on l’utilise souvent en compagnie d’une autre huile).
Les loudunais, grand consommateurs de « faillots » (pois secs cuisinés longuement, autrefois à la marmite ou sur une cuisinière) aiment à en parsemer sur un plat de ces légumes servi froid. Elle pouvait aussi parfois trouver usage dans la conservation de fromages de chèvre.

Ne se conservant pas longuement, les restes d’huile pouvaient être utilisés pour la peinture (une huile par ailleurs très appréciée des artistes peintres, à l’égal du lin et de l’œillette).

Noix et huile tout un parcours convivial

Comme beaucoup de produits alimentaires de la campagne d’antan, la noix donnait l’occasion à de multiples plaisirs conviviaux.
Ramassée à l’automne, on attendait le début des mauvais jours pour pratiquer la « casse ». Pour ce faire on se réunissait chez l’un ou l’autre, lors de veillées (souvent proches de la cheminée) pour pour extraire le fruit de sa coque. C’était aussi donc l’occasion de se raconter les potins du coin, sinon parmi les plus anciens évoquer des légendes anciennes transmises de générations en générations. Au final chacun recevra une part d’huile pour sa « collaboration ».

Puis venait le pressage pour l’extraction de l’huile. Il existait alors avant la deuxième guerre mondiale, de nombreuses huileries, pour la plupart aujourd’hui disparues. A Angliers par exemple, ces moments étaient fort attendus des enfants, qui s’y rendaient au sortir de l’école. En effet, on pouvait y déguster une friandise : le pain saucé. Cette tradition se perpétue encore aujourd’hui auprès des nostalgiques épicuriens.

Dans le Loudunais on trouvait différentes variétés de noyer, dont le « noir » à croissance plus lente mais au bois ne nécessitant pas de teinture pour la menuiserie. Par après, le goût des consommateurs évoluant, les menuisiers et ébénistes ont préféré les variétés « claires » permettant une teinture au gré de la clientèle, des goûts personnels et tendances de mode.

Quant au « brou » il n’était autre que le « lasure » naturel d’autrefois…

Nos noyers ont pour beaucoup disparu. On les retrouve parfois sur les bords de chemin ou de routes, là où ils ne gênent pas l’agriculture. En effet, les remembrements successifs les ont largement éliminés (comme les haies par ailleurs). Et les guerres (particulièrement celle de 14/18) les a largement utilisés pour la fabrication des crosses de fusil. Un secteur qui a profité à des scieries locales comme celle de M. Girard à Beuxes (voir Villages du Loudunais).

Quant aux résidus du broyage, ils étaient autrefois utilisés comme tourteau pour la nourriture du bétail.

En Loudunais on entendra souvent dire qu’il ne faut pas rester sous un noyer dans les chaleurs de l’été, car cela est « mauvais ».
Alors sur ce point, les avis divergent. Pour le fermier d’antan, l’ouvrier qui travaillait dans les chaleurs de l’été dans les champs et qui cherchait le refuge d’un moment sous un noyer, s’exposait à de graves séquelles de santé… mais aussi, cela réduisait fortement son rendement…

Pour d’autres, il s’agirait de l’émanation induite produite par les racines (qui est par ailleurs responsable de l’éradication de nombreuses plantes à sa périphérie) qui serait le résultat de la chose.
Par ailleurs une décoction concentrée de feuilles aurait été autrefois utilisée pour faire avorter les vaches.
On raconte également que, considéré son extrême résistance, la coque de noix aurait été utilisée pour des vaisseaux spatiaux.
Certains affirment que l’on peut mieux goûter différents vins en intercalant la dégustation avec une jonchée de noix.

Les vins de noix

On ne peut naturellement que conclure sur ce délice que sont les vins de noix.
Personnellement, j’en utilise deux qui m’ont été transmises familialement : avec les feuilles et avec les noix vertes.
Comme beaucoup de concoctions à partir d’éléments naturels, le résultat présente des vertus reconnues depuis des lustres. En ce qui concerne les vins de noix, on met en-avant l’action bénéfique sur l’estomac, le foie et le sang.

En voici les recettes.

Vin de feuilles de noyer

  • Cueillir les feuilles au début du printemps
  • Prendre un bocal (de conserves) de 1 litre.
  • Mettre les feuilles dedans
  • Remplir ce bocal avec de l’eau de vie (marc)
  • Laisser macérer 1 mois
  • Au bout de ce temps, mettre dans un grand récipient 5 l de vin blanc + 750 g de sucre et y ajouter le contenu du bocal. Bien mélanger.
  • Mettre en bouteilles

Vin de cerneaux de noix

  • Cueillir les noix lorsqu’elles sont en lait (traditionnellement  la St-Jean)
  • Les écraser quelque peu
  • les mettre dans un grand récipient contenant 5l de vin rouge + 750 g de sucre + 1 l d’eau de vie (marc)
  • laisser macérer 3 semaines à 1 mois avant de mettre en bouteilles

Instruments d’autrefois et d’aujourd’hui

Parmi les instruments pour obtenir le fruit de la noix, le casse-noix connaît naturellement de multiples variantes. Et notamment du levier traditionnel à la vis d’archimède…

Casse noix – Fabrication artisanale

Et pour le ramassage, on a inventé une petite cage roulante qui limite l’aspect fastidieux de cette opération.

Le Pressoir à huile

En orme et en chêne, le pressoir à huile est actionné par un treuil vertical (appelée la « mariée » en saumurois). Avant de presser les noix, il faut :

  • casser les noix (lors des veillées)
  • broyer les cerneaux avec la meule entraînée par un animal (âne ou mulet)
  • chauffer la purée obtenue dans un chaudron pour augmenter le rendement
Pressoir à huile – Site troglo de Rochemenier

La purée chaude est enfin pressée à l’aide du pressoir à huile.
A la première pression sort l’huile claire pour l’assaisonnement, tandis qu’à la deuxième sort l’huile noire pour l’éclairage.
L’huile est conservée dans des récipients de grès.

Bon à savoir
3 kg de cerneaux de noix donnent 1 litre d’huile de noix. 

Noix, noyer, médecine populaire et usages domestiques anciens

Médecine populaire

Utilisables en fonction des saisons

Crampes, courbatures
Mettre des feuilles de noyer dans un bain très chaud (pour transpirer)

Eczéma
Concentré de feuilles dans un bain

Diabète
Infusion pendant 10 mn de feuilles à raison de 20 g par litre

Insufiances du foie
Tisane de feuilles

Impétigo
Compresses chaudes de feuilles de noyer (10 g par litre, bouillir 1/4 heure)

Usages domestiques

Beauté :
Déodorant personnel ‘en combinaison avec fleurs de lavande, écorces de bouleau et de chêne (recette envoyée sur demande)

Usages ménagers
Puces
remplir un oreiller (à laisser sur le lit) de feuilles de noyer séchées

Casse-mouches
décoction de feuilles pulvérisée dans la pièce

Poux
décoction de feuilles fraiches (ou feuilles séchées réduites en poudre)

Pucerons
décoction de feuilles

(Propos collectés et réunis sur des sources familiales et auprès des paysans locaux).

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