Légende des ajoncs fleuris
Cette légende, inspirée de celle des Avoines, a pour cadre la forêt de Scévole, et se situe près d’Angliers au Sud de Loudun, région où existent de nombreuses zones à ajoncs.
(également dans les bois de Ternay)
En voici le thème:
Durant le voyage que, par une froide journée d’hiver, Sainte-Radegonde avait entrepris pour se rendre de sa villa de Saix, en Loudunois, à Poitiers, avec ses compagnes Agnès et Disciole, la pieuse Reine pénétrait dans cette forêt lorsqu’elle reçut avis de l’approche de son époux, le roi Clotaire, qui s’était lancé à sa poursuite pour la ramener à la Cour.
A cette annonce, les trois femmes se dissimulèrent derrière une touffe d’ajoncs, mais le Diable, qui les épiait, chargea sa pie parleuse de dévoiler leur cachette au roi, lors de son passage.
Les servantes de Dieu, dénoncées par cet oiseau pervers, allaient tomber entre les mains du roi et de son escorte, quand par l’effet d’un miracle soudain, le buisson d’ajoncs où elles se cachaient se couvrit tout à coup de fleurs.
A la vue de cette subite floraison dorée, Clotaire, comprenant qu’il s’agissait d’un avertissement céleste, abandonna sa poursuite et fit demi-tour.
Radegonde maudit la pie qui portait alors un plumage brillamment coloré et, en punition, condamna la descendance de l’oiseau à revêtir une livrée de demi-deuil et à pousser des cris rauques en place de chant.
Durant que la pie fuyait vers son nid haut perché, la Sainte lui lança ce quatrain passé en dicton dans le Loudunois:
«Fais le tant haut, fais le tant bas Que tu voudras, Terjous les passants verront Ton nic tout rond !»
L’érudit loudunais Charbonneau-Lassay a, en 1938, donné dans le bulletin paroissial de Saint-Pierre de Loudun une version joliment brodée et richement ciselée de la «légende des ajoncs fleuris». Il déclare l’avoir entendu conter au temps de son enfance et en tenir le récit, plus circonstancié quant à la malédiction de la pie, de la bouche de l’abbé Girard, curé de Martaizé en 1905.
Il n’apparaît point que ce doublet du «Miracle des Avoines» ait des racines très anciennes dans la tradition populaire loudunaise. On serait tenté d’en attribuer l’invention à quelques pieux ecclésiastiques du siècle passé désireux de doter sa paroisse d’un récit merveilleux jalonnant l’itinéraire suivi par Sainte-Radegonde lors de son déplacement de Saix à Poitiers avant la construction de l’abbaye de Sainte-Croix.