Patrimoine rural

Donjons du Pays Loudunais

Du Guesclin pendu en effigie à Moncontour

Tandis que notre grand capitaine dirigeait la conquête de ces places, le sire de Clisson, fort de 700 lances, alla reconnaître les défenses de Moncontour, une forteresse prise l’année précédente par les Français, mais malheureusement retombée aux mains des Anglais. Après six jours de siège, Moncontour tenait toujours. Olivier de Clisson déclara alors : « Hé Dieu, si Bertrand Du Guesclin fut venu ici, Moncontour n’eût duré contre lui le troisième jour / » Un écuyer de Vaucouleurs reprit : « Si Bertrand savait le grand affront que les Anglais lui font, par le Saint Sauveur l ii les ferait mourir à grands tourments ».

Ce « grand affront » avait en effet été fait par un officier anglais qui avait pendu par les pieds, à une poterne du château, un mannequin portant les armes de Du Guesclin. Ce dernier était accusé d’avoir manqué aux engagements pris envers les Anglais après la bataille de Navarette. De Clisson fit savoir à Bertrand l’injure dont il était l’objet, et son propre insuccès. Le chevalier savait Du Guesclin trop fier pour demeurer insensible à une telle insulte. Il ne se trompait pas. Dès que Du Guesclin eut connaissance de ces nouvelles, il marcha immédiatement sur Moncontour venger son honneur. Là, il reconnut que la dette qu’il avait contractée pour la rançon d’un de ses soldats n’avait effectivement pas été acquittée. Mais cette dette, n’avait-elle pas pour garantie l’ensemble de ses biens, garantie d’ailleurs confirmée par un acte sur lequel il avait apposé son sceau. Cette dette, il ne l’avait certes pas remboursée mais le créancier avait la possibilité d’exercer à tout moment un recours sur les biens donnés en gage. Les paroles prononcées à son égard apparaissaient donc diffamatoires et infamantes. « Jamais, jura-t-il, je ne mangerai de pain, dormirai dans un lit et me deshabillerai, avant d’avoir pris le château de Moncontour et pendu l’Anglais qui m’a si durement traité, à la même place où il a suspendu le mannequin recouvert de mes armes »

LA REDDITION DE MONCONTOUR

Dès qu’il fut arrivé à proximité de la forteresse à investir Du Guesclin commença ses préparatifs d’assaut. Le château étant entouré de profondes douves, il ordonna aux paysans des environs d’abattre les arbres et d’apporter une grande quantité de bois, dont il fit remplir les fossés. Ce travail exécuté en quatre jours permit aux assaillants d’approcher les murs d’enceinte sans trop de difficultés. Le cinquième jour, Bertrand fit sonner l’assaut. En personne il prit le commandement des assaillants, lesquels, armés de piques, protégés de boucliers et pourvus d’échelles, étaient couverts par des archers et des arbalétriers. L’attaque fut violente et directe. La garnison anglaise fit preuve d’une résistance opiniâtre. Les assiégés utilisaient des dards, des flèches, et du haut des remparts jetaient sur les assaillants de l’eau bouillante, de la chaux vive, de la poix fondue, des pierres et des grosses pièces de bois.

Le sixième jour, les assaillants reprirent l’assaut avec plus d’ardeur. Le commandant de la place assiégée, constatant que toute résistance paraissait désormais vouée à l’échec, engagea des pourparlers de reddition avec le connétable. Ce dernier accordait la vie sauve à toute la garnison, laquelle devait en contrepartie livrer Jeannequin Loiret, le diffamateur. Loiret fut donc remis au Sire de Clisson, qui le pendit de ses propres mains sur le lieu même où l’Anglais avait suspendu le mannequin incarnant le chef suprême de l’armée royale française.

(Doc. Texte de Guy Thibault)

Bibliographie citée  concernant Du Guesclin
Michel Duburd : Du Guesclin
Louis moland : La vie du vaillant Du Guesclin
Jamison : Bertrand Du Guesclin

Page précédente 1 2
Voir plus

Articles relatifs

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page